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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/231

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et la chaleur de l’éloquence ; mais que peuvent l’éloquence et la raison, contre l’avarice et le crime ?

Cugoano (Oltobah), né sur la côte de Fantin, dans la ville d’Agimaque, raconte lui-même qu’il fut enlevé de son pays avec une vingtaine d’autres enfans des deux sexes, par des brigands européens qui, en agitant leurs pistolets et leurs sabres, menaçoient de les tuer, s’ils tentoient de s’échapper. « On les entassa avec d’autres, et bientôt, dit-il, je n’entendis plus que le cliquetis des chaînes, le sifflement des coups de fouets, et les hurlements de mes compatriotes ». Esclave à la Grenade, il dut sa liberté à la générosité du lord Hoth, qui l’amena en Angleterre. Il y étoit, en 1788, au service de Cosway, premier peintre du prince de Galles. Piatoli, auteur d’un traité italien, sur les lieux et les dangers des sépultures, que Vieq-d’Azir traduisit en français à la demande de d’Alembert, Piatoli, qui, dans un long séjour à Londres, connut particulièrement Cugoano, alors âgé d’environ quarante ans, et marié à une Anglaise, fait un grand éloge de cet Africain ; il vante