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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/262

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horreurs, il fut vendu aux Barbades, et revendu à un lieutenant de vaisseau qui l’amena en Angleterre. Il l’accompagna à Guernesey, au siége de Louisbourg en Canada, par l’amiral Boscaven, en 1758, et au siége de Belle-Île, en 1761.

Les événemens l’ayant reporté dans le nouveau Monde, une perfidie le remit dans les fers. Vendu à Montserrat, Vassa, jouet de la fortune, tantôt libre, tantôt esclave ou domestique, fit une multitude de voyages dans la plupart des Antilles et sur divers points du continent américain, revint souvent en Europe, visita l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Turquie et le Groenland. Son amour pour la liberté, dont il avoit goûté les prémices dans son enfance, s’irritoit par les obstacles qui l’empêchoient de la recouvrer. Vainement il avoit espéré qu’un zèle soutenu pour le service de ses maîtres lui procureroit cet avantage : la justice eût trouvé là un titre de plus pour briser ses fers ; à l’avarice ce fut un motif de plus pour les resserrer. Avec des hommes dévorés de la soif de l’or, il vit qu’il falloit tenter d’autres moyens ; dès-lors, s’imposant la plus sévère