Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et à sa suite, par la civilisation, s’acharnent sur les cadavres des malheureux Nègres dont ils sucent le sang pour en extraire de l’or !

Vingt ans d’expérience m’ont appris ce qu’opposent les marchands de chair humaine : à les entendre, il faut avoir vécu dans les colonies pour avoir droit d’opiner sur la légitimité de l’esclavage, comme si les principes immuables de la liberté et de la morale varioient suivant les degrés de latitude ; et quand on leur oppose l’accablante autorité d’hommes qui ont habité ces climats et même fait la traite, ils les démentent ou les calomnient. Ils auroient fini par dénigrer ce Page qui, après avoir été l’un des plus forcenés défenseurs de l’esclavage, chante la palinodie, et s’abandonne à des aveux si étranges, dans un ouvrage sur la restauration de Saint-Domingue, où il prend pour base la liberté des Noirs[1]. Les planteurs s’obstinent à soutenir que dans les colonies, qui sont des pays agricoles, le premier des arts doit être

  1. V. Traité d’économie politique des colonies, par Page ; Ire part., in-8o, Paris an 7 (v. st. 1798) ; IIe part., an 10 (v. st. 1801).