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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/108

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SUZANNE NORMIS.

pondit mon notaire d’un air posé qui ne voulait pas être narquois.

Je me taisais, il continua :

— Dans le cas de M. de Lincy, je vous conseillerai de donner le moins possible, et vous voyez, ajouta l’excellent homme en souriant, que je ne parle pas dans le sens de mes intérêts.

Je le remerciai du regard, et je continuai à regarder le feu.

— Pourquoi, lui dis-je, après un moment de réflexion, pourquoi me conseillez-vous ainsi ? Dans le cas de M. de Lincy, avez-vous dit ? Sauriez-vous quelque chose de défavorable sur son compte ?

Un vague espoir de ne pas marier ma fille venait de me traverser la cervelle ; ce ne fut qu’un éclair, le bon sens et la réponse du notaire me ramenèrent à la réalité.

— Absolument rien de défavorable ; mais c’est un jeune homme qui sait le prix de toute chose ; je le croirais assez, non intéressé, mais… il ne put trouver le mot et reprit : Je crois qu’on aura beaucoup à s’en louer si on le tient par la corde d’argent. Puisque mademoiselle Normis est votre unique héritière…

Nous restâmes silencieux tous les deux.