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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/132

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SUZANNE NORMIS.

Suzanne m’indiqua d’un geste à peine ébauché.

M. de Lincy sourit avec grâce :

— Mon beau-père est ici chez lui, dit-il, et Dieu ne doit pas attendre.

Sur cette phrase majestueuse, il sortit ; Suzanne avec un geste inquiet et indécis me jeta un baiser du bout des doigts, — j’avalai ma tasse de café d’un coup, au risque d’étouffer, et je la suivis.

Le magnifique valet de pied se mit derrière nous, portant un sac que je pris d’abord pour un sac de voyage : je rougis de ma méprise lorsque, arrivé à l’église, je le vis en tirer des livres d’heures, qu’il offrit à chacun de nous.

Mon gendre faisait très-bon effet dans son banc seigneurial, et vraiment je regrettai qu’il ne fût pas en bois sculpté, comme les têtes d’abbés crossés et mitrés qui ornaient les stalles du chœur. L’ancienne chapelle de l’abbaye faisait très-bon effet aussi, comme église de paroisse. Tout y était superbe, magnifique, irréprochable… Suzanne était bien partout, avec sa grâce juvénile et sa distinction native ; seul, je faisais tache dans cet ensemble parfait, où le peuple