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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/140

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SUZANNE NORMIS.

n’avait rien eu pour elle de remarquable, et quand je lui en parlai, elle me rit au nez.

— Que voulez-vous ! me dit-elle, tout le monde ne peut pas aimer le bon Dieu, comme moi, à la bonne franquette ! Il est des gens qui ne peuvent faire leur prière qu’en habits du dimanche. Mais, le monstre, comme il gronde Suzanne ! Une enfant parfaite ! Malgré le soin que vous avez employé à faire son éducation, mon gendre, vous n’êtes pas parvenu à la gâter !

Nous avions beau faire, madame Gauthier et moi, ni le whist avec un mort, que nous organisions à l’aide de notre médecin de village, ni le besigue à nous deux, ni les promenades, ni quoi que ce soit, ne pouvait combler le vide qui semblait au contraire se creuser de plus en plus autour de nous. Elle s’en alla à Trouville pour prendre son content de bruit, me dit-elle. — Et moi, resté seul, piteux et ennuyé, j’avais presque envie de partir pour les Pyrénées, lorsqu’une idée me vint : la vendange et la cousine Lisbeth ! J’étais sauvé ! Pierre et moi nous fîmes une malle en grande hâte, et nous voilà partis pour le Maconnais.

Lisbeth ne m’attendait guère : il y avait à peu près quinze ans que je lui avais promis ma vi-