Aller au contenu

Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
ROMAN D’UN PÈRE.

le docteur en me citant un texte latin pour arrondir sa phrase. Vous aviez le cœur attaqué, mais c’était à cause de vos rhumatismes… N’importe qui s’y serait trompé.

— C’est égal, docteur ! si j’avais su !…

En m’en allant, dans l’escalier, je sentis une vive douleur au genou gauche. Brave docteur ! il venait de me rendre la vie, comme il me l’avait ôtée un an auparavant. J’étais content cependant, moins pour la vie en elle-même, bien qu’elle ne soit point si méprisable, que pour la joie de me savoir en état de protéger Suzanne.

Au moment de monter en voiture, je rencontrai Maurice Vernex qui passait.

— Eh ! vous voilà ! me dit-il allègrement. Vous avez bonne mine. Comment va-t-on chez vous ?

— Figurez-vous, lui dis-je, que j’ai des rhumatismes ; je suis enchanté !

— Eh bien ! vous n’êtes pas difficile ! s’écria-t-il en riant. Et madame de Lincy ?

— Ma fille va bien, merci, dis-je, ramené à mes préoccupations. Mais vous-même ?

— Moi ? Je m’ennuie ! répondit-il avec un sérieux qui ne lui était pas ordinaire. Je m’ennuie de n’être bon à rien en ce monde. Quand