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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/195

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ROMAN D’UN PÈRE.

dirait-on de madame de Lincy ? Une jeune femme qui quitte à dix-huit ans la maison conjugale ! Cette démarche malheureuse lui ferait, ainsi qu’à moi et à vous-même, un tort irrémédiable !

Sa froideur me faisait bouillir le sang dans les veines. J’eus envie de le frapper à la face ; je me contins.

— Si je vous faisais, lui dis-je, des avantages assez beaux pour primer toute autre considération ?

— À quoi bon ? répondit-il ; vous aimez trop votre fille pour la laisser manquer de rien, et, tant que nous vivrons ensemble, je n’aurai pas besoin personnellement de recourir à votre générosité.

Il avait jeté le masque ; je me sentis plus à l’aise.

— Mais, monsieur, lui dis-je, je puis placer mon bien en viager ?

— Raison de plus pour que je ne me sépare pas de ma femme ! répondit-il avec un cynisme qui m’épouvanta.

— Vous savez qu’elle vous hait, dis-je, glacé par la colère qui m’envahissait, vous savez que je vous méprise, et vous persistez !

— La femme doit obéissance et soumission à