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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/221

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ROMAN D’UN PÈRE.

Au bout de trois quarts d’heure nous vîmes devant nous la maison de Lisbeth.

Une fumée joyeuse sortait en jolies volutes des hautes cheminées, les vaches mugissaient à l’étable, réclamant la traite du matin. La porte de la cour était ouverte, et la charrue brillante attelée d’un cheval vigoureux, prête à sortir, n’attendait plus que le laboureur. Suzanne me regarda, et je vis à l’expression de son visage qu’elle était contente.

— Cela ressemble à notre chez-nous, dit-elle à voix basse.

Nous avions atteint notre refuge. Je poussai la porte entre-baillée ; au fond de la vaste pièce, Lisbeth, dessinée en noir sur le fond clair de la croisée à petits carreaux, triait des écheveaux de lin.

— Cousine Lisbeth, dis-je à haute voix, je vous amène la petite.

La cousine me regarda d’un air effaré, bondit à travers ses écheveaux de lin sans s’y prendre les pieds, et, pleine d’une ardeur juvénile, serra Suzanne dans ses bras.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! dit-elle deux ou trois fois. Elle était si saisie que les paroles ne lui venaient pas. Elle aima mieux nous embras-