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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/225

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ROMAN D’UN PÈRE.

les filles à l’ouvrage, et je leur ai parlé comme vous m’aviez dit. Racontez-moi votre histoire.

C’est dans cette fraîche laiterie, pendant que Lisbeth battait le beurre, que je la mis au courant de ce qui s’était passé depuis ma précédente visite. Elle ne parut pas fort surprise de la conduite de mon gendre, en ce qui touchait les choses d’intérêt ; les campagnards peuvent tout comprendre en fait de cupidité : le spectacle des petites rivalités, des jalousies de la province les bronze à cet endroit-là ; mais, en ce qui touchait le procédé employé par lui pour obtenir de l’argent de Suzanne, je la trouvai incrédule.

— Voyons, cousin, pensez donc, ça n’est pas possible. Il n’y a pas d’homme assez lâche pour commettre une action pareille.

Je finis cependant par la convaincre, et dès lors sa tendresse et sa pitié pour Suzanne ne connurent plus de bornes. Elle n’était pas loin, je crois, de la considérer comme une sainte martyre.

Ma fille dormit pendant une partie du jour ; au dîner nous nous trouvâmes réunis. Elle fut gaie, un indifférent eût cru qu’elle avait tout oublié ; mais, moi qui la connaissais, je devi-