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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/242

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SUZANNE NORMIS.

mère. Ces belles éducations et ces excellents principes ne peuvent donner, suivant les natures, que d’admirables résultats, ou de très-mauvais. Et certainement mademoiselle de Haags n’était point prédestinée à donner les premiers.

Comme me l’avait prédit le docteur, j’eus pendant les chaleurs de juin une abominable attaque de rhumatisme, et je souffris autant que le cher homme pouvait le désirer pour faire un excellent dérivatif. Cette maladie me fut douce cependant, car Suzanne était ma garde-malade, et je croyais remonter au bon temps passé, quand j’avais cru mourir une première fois. Elle y songeait aussi, et bien souvent elle vint s’asseoir auprès de moi, et posant sa main souple et caressante sur mon front fiévreux, elle me dit de sa voix d’enfant :

— Père, c’est tout comme autrefois, — je suis bien heureuse !

Mais elle avait beau me le répéter, je savais bien qu’elle mentait encore, et souvent, dans mes nuits d’insomnie, je me dis que sa mère ne serait pas contente de moi, qui n’avais pas su tenir ma promesse, et rendre Suzanne heureuse !