Aller au contenu

Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
313
ROMAN D’UN PÈRE.

Lincy, profitant de cette diversion, avait bondi sur sa femme et cherchait à l’entraîner.

— Père, cria-t-elle, père, sauve-moi !

Un orgueil affolé remplit mon cœur. Dans sa détresse, c’est moi qu’elle appelait, non Maurice !

— Monsieur, dis-je à Lincy, laissez ma fille libre, ou je vous tue !

— Vous passeriez en cour d’assises, répondit-il, et il essaya d’enlever dans ses bras Suzanne qui s’accrochait à la table.

— Lâche ! cria Maurice, et sa main souffleta la joue de Lincy.

Au même moment, je mis le doigt sur la gâchette de mon pistolet, et le coup partit, — mais dans ce groupe serré, j’avais craint de blesser un de ceux qui m’étaient chers, — la balle se perdit dans le mur.

Lincy avait quitté le bras de ma fille.

— Ah ! dit-il écumant de rage, c’est ainsi ? Nous verrons si vous oserez résister à la loi.

Il sortit en courant. Dans ma fureur, je tirai une seconde fois sur lui, mais je le manquai également. Ma main tremblait, non de vieillesse, mais de colère.