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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/54

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SUZANNE NORMIS.

de toute sa hauteur, puis parut m’apercevoir pour la première fois, rougit, se troubla, balbutia quelques paroles d’excuse et recula vers le coin du feu.

Ce mouvement de recul, si difficile toujours, fut accompli avec une grâce achevée ; le corps souple et bien modelé s’affaissa dans un fauteuil sans que les plis de la longue traîne eussent souffert le moindre dérangement, et je ne pus m’empêcher d’admirer cette savante manœuvre.

Ma belle-mère entra presque aussitôt, et, avec les plus aimables excuses pour son absence intempestive, elle me présenta à mademoiselle de Haags, fille d’une de ses plus anciennes amies, et récemment arrivée en France.

— Mademoiselle de Haags, ajouta ma belle-mère d’un accent triomphant, est originaire d’une très-vieille famille catholique de Belgique, et je regrette, mon gendre, de devoir vous dire qu’elle a été élevée au Sacré-Cœur de Louvain.

Je murmurai quelques paroles de politesse, tout en maudissant intérieurement ma belle-mère et sa tirade.

— Oh ! monsieur, me dit la charmante étrangère de la voix la plus mélodieuse, en déployant un sourire adorable, des dents de perle et des