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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/59

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ROMAN D’UN PÈRE.

driez vous remarier, je vous en prie, mon cher ami, pas de fausse honte ! Je me chargerai de ma petite-fille, qui recevrait, soyez-en persuadé, une éducation au moins aussi bonne que celle que vous pourriez lui donner, et, de la sorte, votre jeune femme…

— Je vous remercie infiniment, madame, dis-je froidement, car j’étais encore maître de moi-même ; mais si vous avez oublié que votre fille fut ma femme et la mère de Suzanne, je m’en souviens, moi, et ce n’est pas mademoiselle de Haags qui la remplacera ici !

— Vous pourriez plus mal tomber, riposta ma belle-mère, qui ne perdait jamais contenance.

— Peut-être, répondis-je, mais pas beaucoup plus mal.

Madame Gauthier me lança un regard flamboyant ; puis sa colère s’affaissa, et elle se mit à pleurer. Devant ses larmes, que je crus sincères, je n’eus pas le courage de lui dire tout ce que m’inspirait son beau plan de campagne :

— Voyons, lui dis-je, vous, une femme d’esprit, comment avez-vous pu ?…

— C’est pour Suzanne, répondit-elle tout en pleurs. Vous l’élevez déplorablement, elle n’a ni tenue, ni manières, et par-dessus le marché