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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/74

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SUZANNE NORMIS.

ture, attelée par ses ordres, nous attendait en bas, les cahiers et les livres étaient prêts dans un portefeuille de ministre, gros comme elle, qu’elle passait sous son bras avec l’aisance d’un vieux diplomate. J’étais émerveillé de toute cette prévoyance, mais je me gardais bien de le témoigner, car Suzanne avait cela de commun avec les autres enfants que les éloges la rendaient gauche et sotte. Je me contentai donc de lui laisser faire tout ce qu’elle voulait, — et je n’eus qu’à m’en applaudir.

Je la voyais passer et repasser dans la maison, avec sa grâce mutine, chantonnant quelque chanson sans paroles qu’elle se composait pour elle-même, et qui me charmait ; elle jouait du piano, pas très-bien, car les difficultés du mécanisme l’ennuyaient, mais elle voulait en jouer quand même, afin de s’accompagner elle-même, quand elle pourrait chanter pour tout de bon. Suzanne était de la race des oiseaux, elle en avait l’activité silencieuse et la voix limpide ; nous vivions toujours ensemble, jamais lassés l’un de l’autre, et véritablement heureux.

Madame Gauthier, qui n’oubliait rien, me retint un jeudi soir, au moment où je prenais mon chapeau.