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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/83

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ROMAN D’UN PÈRE.

— Eh bien ? fis-je en déposant mon journal.

— Je n’y comprends rien ! fit-elle d’un air désespéré, mais avec son énergie habituelle.

— Rien ?

— Pas grand’chose. Ce matin, pendant l’instruction, il me semblait avoir compris, mais à présent voilà de grands mots, des belles phrases. Je ne pourrai jamais sortir de là.

Je pris le cahier de notes ; — Suzanne avait raison, elle ne sortirait jamais de là. Ce genre de travail n’est pas de ceux que peuvent exécuter des intelligences de onze à quatorze ans ; il faut être rompu aux difficultés de l’analyse et du compte rendu pour discerner dans un discours les points qui méritent d’être notés et ceux qui ne sont que du développement.

— Passe-moi tes notes, dis-je à Suzanne.

Elle obéit et vint s’asseoir près de moi, un bras sur mon épaule, pour suivre mon travail ; mais, après un examen attentif, je ne travaillai pas, et j’envoyai Suzanne se coucher.

Le lendemain, j’allai trouver madame Gauthier.

— Est-il très-nécessaire, lui dis-je sans préambule, que Suzanne fasse des analyses ?