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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/94

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SUZANNE NORMIS.

— Eh bien, dit-il, nous allons voir cela, et je vous promets la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, comme dans Jean Hiroux.

Il plaisantait, l’excellent ami, mais la main qu’il posa sur la mienne tremblait plus que de raison.

L’examen, long et attentif, fut suivi d’un silence qui me parut un arrêt de mort. J’allais prévenir sa condamnation en la prononçant moi-même, lorsqu’il m’arrêta du geste :

— Non, dit-il, ce n’est pas ce que vous croyez. C’est une maladie de cœur en effet, — très-développée, j’en conviens ; elle peut vous foudroyer demain, — comme elle peut vous laisser atteindre les limites de l’extrême vieillesse. C’est une affaire de coïncidence, de hasards… Pas d’émotions, vous savez ?

Je fis un signe de tête affirmatif.

— Entre nous, docteur, lui dis-je, pourquoi cette recommandation ? Croyez-vous qu’on se prépare des émotions de gaieté de cœur ?

— Eh ! eh ! dit-il, cela se voit, les femmes ne détestent pas ça… Pour vous, je conviens que le précepte est inutile.

Il se tut, et je restai silencieux. J’avais craint pis que cela, mais le danger existait toujours. Je