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Page:Grand’Halte - Les gaités d’un pantalon, 1921.djvu/165

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MATERNELLE PRÉVOYANCE

François n’était pas là, il gisait sur l’anthracite. Elle se buta à la concierge.

Appuyée sur son balai, la dame mangeait un hareng saur écrasé entre deux tranches de pain. Quand ses doigts se faisaient gras, elle les essuyait d’un geste vif, dans ses cheveux.

À la première question de Mme Cayon, elle précisa, hautaine ;

— M’sieu François ? Il a parti à son bureau, bien sûr… c’ t’un garçon plein de régularité.

Le visage de la mère s’épanouit :

— Ah ! très bien !… C’est vrai qu’il gagne vingt mille francs par an ?

Le balai s’agita :

— Oh ! l’ pauv’ chérubin, l’a même pas vingt mille sous… Mais ça fait rien, i’ réussira dans la vie, parc’ qu’i’ plaît aux femmes.

Mme Cayon pinça les lèvres :

— Il n’a besoin que de plaire à la sienne.

La concierge se fit menaçante, elle avança un front gras, creusé d’une ride :

— Ah, vous croyez ça, vous ?… Eh bien, moi