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Page:Grande Encyclopédie XXIV.djvu/15

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LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE

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MOISSONNEUSE Mti.ANiuiK (Écon. rur.)« Les moissonnenses mécaniques ne sont guère entrées dans la pratique courante en France que vers 1852 ; cependant le principe de ces machines était connu depuis fort longtemps puisque les Gaulois se servaient déjà pour moissonner d’un char poussé en arrière par un bœuf et portant en avant un peigne entre les dents duquel se prenaient les épis ; ceux-ci, arraches, tombaient dans la caisse du char, et la paille abandonnée restait sur le champ. — Les moissonneuses actuelles ne ressemblent plus du tout à cette ancienne machine. Elles se composent d’une faucheuse mécanique (V. ce mot) pourvue d’un système de râteaux automobiles se déplaçant sur un tablier et deslinés à faire les javelles. — Le- modèles de moissonneuses sont aujourd’hui très nombreux ; toutefois, ils ne diffèrent entre eux que par des points de détail, (les machines se composent toujours d’un bâti monté sur roues et portant latéralement une scie animée d’un mouvement de va-et-vient qu’elle reçoit de la grande roue motrice par un système d’engrenages ; la scie coupe les tiges à la hauteur que l’on désire, et celles-ci tombent sur un tablier horizontal. Des râteaux, animes d’un mouvement circulaire, se meuvent au-dessus de ce tablier ; ceux dits rabatteurs appuient les gerbes contre la scie. Lorsqu’il y a une botte sullisante sur le tablier, un râteau dit javeleur pousse la javelle en arrière et la fait tomber sur le sol en dehors du cliemiu parcouru par la scie, de manière que la piste se trouve libre sur le

sage de l’attelage au tour suivant. Les râteaux sont formés d’une planchette île 15 à -20 centim. de hauteur et de la longueur de la scie. Cette planchette est portée par un bras oblique relié à un arbre vertical ou légèrement incliné. L’angle de la planche avec le bras peut varier de façon à régler le râteau avec le tablier, suivant qu’on élève ou qu’on abaisse celui-ci. Les râteaux sont munis de dents en bois. Le plus généralement, les moissonneuses à râteaux automobiles sont montées sur une unique roue porteuse et motrice. Elles sont munies d’un siège pour le conducteur, celui-ci est généralement placé à cote de la roue et fait équilibre à la scie et au tablier. De son siège, le conducteur, au moyen d’un levier à secteur placé à sa portée, embraye la scie, commande le javelage et règle la hauteur de coupe. Les machines sont munies de deux brancards lorsqu’elles sont a un cheval ou d’une flèche si elles sont à deux chevaux. Dans ce dernier cas, fait observer M. Ringelmann, quelques constructeurs mettent un brancard additionnel pour le cheval qui marche du côté de

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la scie. Les moissonneuses peuvent être également tirées par des bœufs. Lorsqu’il y a deux chevaux, la traction se fait par palonniers, et l’extrémité de la flèche est reliée au collier par une barre transversale. A la lin du travail, on peut rassembler verticalement les râteaux et relever le tablier ; la roulette, qui était fixée au sabot séparateur, vient se mettre sous le tablier et le soutenir : la machine est alors disposée pour le transport, et peut passer ainsi dans des chemins de l m ,20 à l m ,30 de largeur. Le bâti des moissonneuses est en bois dans quelques systèmes américains, mais le plus souvent, il est en fonte ou en fer forgé. La moissonneuse Wood à un cheval (fig. 1 ) est à quatre râteaux, et en plaçant le levier, placé près du siège en face des différents numéros marqués sur un cadran indicateur, on peut faire faire fonction de javeleurs tous les cinquième, quatrième, troisième ou deuxième râteau, ou même faire fonctionner tous les râteaux comme javeleurs. Le prix des moissonneuses mécaniques à un cheval varie entre 550 et 700 fi, celles à deux chevaux atteignent de 600 à 750 fr. Les moissonneuses à un cheval coupent sur une largeur de 1 m. à l m ,15. A deux chevaux, la largeur de la coupe varie entre l m ,33 et l m ,50. Les premières pèsent en moyenne 350 kilogr. , les secondes de 450 et 550 kilogr. Il va sans dire qu’à solidité égale, les plus légères doivent être préférées. Le travail mécanique dépensé pour couper I m. q. varie, selon M. flmgelmann, entre 75 et 113 kilogrammètres pour les machines pesant 440 et 718 kilogr. et prenant 1™, 50 et l m ,46 de longueur de coupe. Avec une machine à un cheval, on peut moissonner 2 1/2 à 3 hect. en dix heures ; avec deux chevaux, on coupe, de 4 à 7 hect., suivant qu’on fait une ou deux attelées. Tandis qu'en I8t>2 la France employait 8.900 moissonneuses mécaniques, en 1882 on en comptait 10.500 et aujourd’hui environ 20.000 sont en fonctionnement dans les grandes exploitalions. Cette extension de l’emploi des moissonneuses a différentes causes. L’une des plus importantes est sans contredit la difficulté croissante que rencontre le cultivateur à se procurer le nombre de moissonneurs nécessaires pour l’exécution de la moisson dans un laps de temps suffisamment court. La prolongation des travaux de récolte au delà d’un certain nombre de jours est, en ellet, très préjudiciable, à cause des pertes résultant de l’égrenage des moissons trop mûres et, plus encore, des intempéries et des orages. L’abaissement progressif du prix des céréales est une autre cause de l’emploi de plus en plus étendu des moissonneuses mécaniques, car ces machines permettent à

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