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Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/129

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DEMANDE POUR DEUX.

en souriant, le monsieur en grommelant ; et bientôt tous les trois se dirigèrent, par les Tuileries, vers la rue de Verneuil, où demeuraient M. et madame de Suriac.

M. de Plantade laissa sa femme au salon chez madame de Suriac, et pénétra, avec son neveu, dans le cabinet du mari.

Ce cabinet, grand et bien aéré, avait vue sur un jardin planté d’arbustes exotiques et de magnifiques tilleuls. Tout autour de l’appartement s’élevaient des casiers remplis de cartons, et sur les murs, tapissés d’une étoffe brune, on voyait divers plans d’édifices et des vues de monuments d’un aspect sévère. M. de Suriac se tenait assis derrière un bureau à cylindre surchargé de paperasses et de dossiers. C’était un homme encore vert, portant lunettes ; sur son habit noir brillait la rosette d’officier de la Légion d’Honneur.

— Toujours occupé ! dit M. de Plantade en entrant.

— Eh ! mon Dieu ! il le faut bien ; la misère est si grande cette année que toutes mes heures sont dues à nos pauvres. Je rédigeais un mémoire au ministre pour solliciter l’établissement d’une maison de secours en faveur des femmes de chambre sans emploi. À quels dangers ne sont pas exposées ces infortunées dans une ville où la corruption fait chaque jour de nouveaux progrès !

— Ce sera une bien sage institution, dit Georges gravement.

— M. de Plantade, à qui j’en ai parlé, pourra vous en faire apprécier l’importance. Mais puisque vous vous intéressez à ces matières, permettez-moi, Monsieur, de vous faire hommage d’un volume que j’ai naguère publié sur