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Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/401

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VAUT MIEUX QUE PIGEON QUI VOLE.

Saint-Jacques qu’il avait dédaigné et dont la vue lui causa une impression de calme et de bonheur après tant d’émotions dramatiques et financières.

Au bout d’une heure de marche, il se trouva dans la rue de l’Ouest, devant une maison de modeste apparence, mais blanche, coquette, annonçant le bien-être. En ouvrant la porte d’entrée, il aperçut un jardin émaillé de roses ; les oiseaux chantaient autour des fenêtres, et les tilleuls du Luxembourg parfumaient le portique.

Cette maison était celle de Paul. Léon n’avait pas même vu l’habitation de son ami depuis qu’il avait traversé la Seine. Paul, sans lui faire un seul reproche, sans lui demander aucune explication, le promena dans tous les coins de sa maison, lui fit admirer le jardin, les fleurs, le salon, et le conduisit enfin dans un pavillon couvert de mousse, élégamment tapissé, et où l’on avait réuni tout ce qui peut faire le charme de l’intérieur : livres, tableaux, albums, vases chinois, précieuses futilités qui font partie du nécessaire pour les femmes et pour les poètes.

— Quelle ravissante habitation ! s’écriait Léon en examinant chaque détail. Que de goût et d’élégance ! Pour qui donc as-tu fait meubler cette adorable cellule ?…

— Pour toi, mon cher Léon, reprit Paul en lui serrant la main ; je savais bien, en voyant ton nouveau train de vie, que tu nous reviendrais tôt ou tard. Je t’ai fait préparer cette retraite ; tu y resteras deux ans, trois ans s’il le faut, occupé à travailler pour satisfaire tes créanciers que je me charge moi de recevoir ; tu n’auras plus à redouter ici les importunités, les poursuites, tu vivras