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Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/472

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UN BARBIER RASE L’AUTRE.

Figaro. — Et de deux ! Maintenant faisons savoir à l’alcade… Oh ! justement, voici ce majestueux personnage… Seigneur alcade, deux mots.

L’alcade. — Que me voulez-vous, seigneur barbier ?

Figaro. — Où passâtes-vous la nuit dernière ?

L’alcade. — Plaisante question ! Et de quel droit ?…

Figaro. — Vous avez raison, et peu m’importe. Que ce soit chez Dolorès ou chez Loaïsa, chez Mari-Alonzo ou chez Léonor, cela ne me regarde en rien ; mais ce qui m’importe, et à vous aussi, c’est de n’être pas démenti dans un petit conte que je viens de faire à madame votre épouse.

L’alcade, troublé. — Ma femme !…

Figaro. — Elle vous cherchait tout à l’heure. Votre absence nocturne lui avait mis la puce à l’oreille, et sans le soin que j’ai pris de la rassurer…

L’alcade. — Ah ! seigneur Figaro, quel signalé service !

Figaro. — Comment donc, seigneur alcade, il se faut bien entr’aider quelque peu. Sachez, pour votre gouverne, que nous avons passé la nuit entière chez le corrégidor. Nos motifs doivent rester secrets. Tenez-vous-en à cette explication, que j’ai donnée sous la foi du serment. Maintenant, seigneur, si cette nuit, à l’heure des sérénades, vous aperceviez votre dévoué serviteur en bonne fortune… si vous le trouviez, par exemple, sous les fenêtres du docteur Bartholo, prêt à monter chez… chez la duègne Marceline… J’espère…

L’alcade, souriant. — Il suffit. Nous nous comprenons à merveille. Vous m’avez fait la barbe