Aller au contenu

Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
NE SONT PAS LONGTEMPS UNIS.

qui lui servait à marcher ; puis, ayant écouté les chardonnerets, elle caqueta cette réponse symbolique :

deux moineaux sur même épi
Ne sont pas longtemps unis.

Après qu’elle eut parlé, elle demanda deux douzaines de figues pour sa récompense, et rentra dans son domicile.


— Bon ! il s’agit de moineaux ! s’écria l’un des oiseaux ; ça ne nous regarde pas.

— Hum ! la lettre tue ! murmura un vieux chardonneret. Mais on ne l’écouta pas, et les étourneaux s’établirent dans le jardin des chardonnerets.


Pendant les premiers jours, tout alla pour le mieux ; les étourneaux racontaient leurs voyages ; on venait les entendre de tous les vergers, de toutes les prairies, de tous les bois d’alentour ; on ne se lassait pas de les écouter. Chaque soir, c’était un nouveau plaisir, et l’on dansait après. Mais, tandis que les discours allaient leur train, les vivres diminuaient à vue d’œil ; chaque étourneau mangeait pour trois chardonnerets.

Il fallut songer aux provisions ; les chefs de la tribu assemblèrent les plus forts, et on fut à la picorée ; celui-ci rapportait une prune, celui-là une cerise ; les plus vaillants traînaient un abricot. Pendant que la colonie s’épuisait en efforts, les étourneaux, qui restaient au logis, faisaient la cour aux plus jolies filles de leurs hôtes. D’étranges perturbations éclatèrent au milieu des nids; les chardonnerets