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Page:Grangé et Millaud - Les hannetons.pdf/31

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LE SORCIER.

Eh bien, veux-tu en faire l’épreuve ?

LE PRINTEMPS.

Volontiers. (A part.) Moi, le printemps, je ne serais pas fâché de m’ôter quelques hivers.

LE SORCIER, aux domestiques.

Apportez un peignoir. (Au Printemps.) Et vous, placez-vous là.

Le Printemps se place au milieu du théâtre ; on lui met un peignoir sur la tête, de manière qu’il se trouve complètement enveloppé. — Le sorcier prend un flacon dont il verse le contenu sur la tête du Printemps.

LE SORCIER.
Air de Madame l’Archiduc.
––––––Bientôt, par cette eau merveilleuse,
––––––Toutes rides disparaîtront,
––––––Et les fleurs de l’enfance heureuse
––––––Vont renaître sur votre front.
LE PRINTEMPS, chantant sous le peignoir.
––––––C’est singulier, sur ma parole,
––––––Comme cette eau me rafraîchit !
––––––Je crois que je r’tourne à l’école,
––––––Et que tout en moi rajeunit !…
LE SORCIER.
––––––Oui, croyez-moi, l’âge s’efface,
––––––Le vieillard disparaît déjà,
––––––Et que voyons-nous à sa place ?…

Montrant un bébé qu’il tire de dessous le peignoir et tout à fait ressemblant de figure et de costume au printemps.

––––––Un p’tit bonhomm’, (ter.) pas plus haut qu’ ça !…
REPRISE ENSEMBLE.
––––––Un p’tit bonhomm’, (ter.) pas plus haut qu’ ça !
LE PRINTEMPS, reparaissant par le trou du souffleur et parlant au public.

Vous savez, c’est une blague ! je ne suis pas rajeuni du tout !

LE SORCIER.

Comment, vous revoilà, vous ?

LE PRINTEMPS.

Ah ! vous êtes gentil !… vous me faites descendre dans un égout ! j’en suis tout disloqué, je n’ai plus ni pieds ni pattes.

LE SORCIER.

Allons, donnez-moi la main !

Il l’aide à sortir.

LE PRINTEMPS, remontant sur le théâtre.

Eh bien ! elle est propre, votre eau de jeunesse !