Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/145

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« Vous faites un crime à ces hommes d'avoir prêché la paix et la douceur, mais en poussant les ouvriers à la violence, vous savez bien que ce serait faire le jeu des exploiteurs qui ne cherchent que l'occasion de se débarrasser des «turbulents». Pensez aux victimes d'une émeute qui échoue ! aux larmes et à la misère des veuves et des orphelins, sans aucun profit pour les réclamations que la violence ne fait que reculer».

Cela est mal raisonner. Entre la soumission et la violence aveugle, hors propos, il y a des nuances laissant place à la virtualité, à la volonté consciente, qui agit à bon escient au lieu d'attendre béatement que les choses s'accomplissent toutes seules.

La soumission et la résignation n'ont jamais amené aucun exploiteur à renoncer à ses privilégiés. Ils n'ont jamais cédé à une réclamation que lorsque ceux qui la formulaient étaient assez forts pour en rendre le refus dangereux.

Est-ce que l'insurrection se prêche aux gens ? Nous l'avons vu, il faut plus que la voix de l'orateur, si puissant soit-il, pour pousser les gens dans la rue.

Nous bornons notre œuvre à essayer de leur faire comprendre la situation où ils se trouvent ; d'où viennent leurs maux, ce qui peut les supprimer, leur indiquer les pièges où l'on veut égarer leurs énergies. C'est ensuite aux individus de choisir la route qu'ils veulent suivre.

«Ce ne sont que des moyens détournés pour en arriver toujours à la révolte,» nous dira-t-on ?

D'accord, mais lorsque nous avons reconnu que, la volonté et l'énergie