Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/68

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En préconisant des moyens dilatoires, quelques-uns arrivent bien à être députés, mais l’avantage est mince. Au lieu d’être un pas en avant pour l’idée sociale, ce n’est qu’un recul ; car les trois quarts des élus vont, dans quelque coin du Parlement, oublier le peu de vrai qu’il y avait dans leur programme, quand ils ne le combattent pas, ce qui ajoute à la confusion dans l’esprit des électeurs.

Mais l’élu s’en tînt-il aux clauses de son programme, et luttât-il énergiquement pour les faire triompher, cela ne fait qu’entretenir l’ignorance du plus grand nombre, en les tenant toujours dans l’espérance qu’il pourra sortir quelque chose de bien d’un système pourri.

Et on recommence ainsi à chaque législature, l’idée finissant par disparaître devant les questions de personne qu’engendre la bataille électorale.

Le charlatan de la fable avait raison de compter sur l’imprévu pour se débarrasser de sa promesse.

Les anarchistes, eux, ne promettent rien aux foules. Ayant constaté les maux dont tout le monde souffre dans — et de par — l’organisation sociale, ils font part à tous du résultat de leurs constatations, disant : « Voilà d’où vient le mal ; voici quelles sont les institutions à détruire ; ne comptez pas que votre affranchissement vous vienne de sauveurs providentiels ; la transformation désirée ne s’opérera que lorsque ceux qui souffrent du mal seront bien décidés à ne plus le tolérer, et à s’organiser d’une façon plus normale.

Les causes du mal tiennent à vos façons de penser, d’agir ; c’est donc sur vous-mêmes que doivent porter vos premiers efforts de trans-