Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/99

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D’autre part, dans une société où l’activité de l’individu est bornée par la possession d’espèces monétaires, où tout se paie, tout se vend, il ne peut y avoir de liberté que pour celui qui possède. Et l’on aura beau reconnaître le plus solennellement possible, tous les droits voulus, à tous indistinctement, cela ne signifiera rien, tant que tous n’auront pas la possibilité d’user de ces droits.

Dans une société où tout est subordonné au pouvoir de l’argent, la légalité ne peut-être qu’au service de ceux qui détiennent le capital. Il n’y a rien à attendre du parlementarisme ; car le parlementarisme est la consécration légale de ce qui existe, et on ne détruira ce qui existe qu’en sortant de la légalité.

Nous ne voulons, non plus, charger personne d’agir en notre lieu et place, nous voulons agir par nous-mêmes, parce que en chargeant des tiers de faire des lois auxquelles nous devrions obéir ensuite, ce serait tendre d’avance, le cou à toutes les lisières dont pourraient, par la suite, nous charger ceux dont nous aurions fait nos maîtres.

Je sais bien que beaucoup de socialistes affirment que leur gouvernement ne serait qu’un minimum de gouvernement ; que sa tâche serait d’assurer la liberté de tous, en se conformant, à tous les instants, à la volonté générale.

Outre que la tyrannie de la majorité est tout aussi bien, pour ceux qui la subissent, une tyrannie aussi répulsive que si elle n’émanait que d’un seul, j’ai dans la Société Future essayé de démontrer qu’il n’y avait pas de moyen terme entre l’autorité et la liberté individuelle.