Page:Grave - La Société future.djvu/118

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Il se trompe souvent, s’égare maintes fois à la remorque des saltimbanques politiques ; ne nous en plaignons pas trop, son instruction se fait tous les jours et chaque école le rend de plus en plus sceptique à l’égard des politiciens, de leurs promesses et de leurs jongleries. Encore un peu de patience, et bientôt il ne prendra inspiration que de lui-même.

C’est dans le but de bien le convaincre de cette vérité : « qu’il ne doit compter que sur lui-même », que nous nous efforçons de lui faire comprendre les inepties dont on le couvre, que nous lui jetons continuellement aux oreilles notre Delenda Carthago : « Il n’y a que la révolution qui puisse t’émanciper ! »

Nous l’avons dit, nous le savons et nous le répétons, la révolution ne se crée ni ne s’improvise, nous n’avons nullement l’espérance de voir, à notre voix, se lever les bataillons populaires et courir à l’assaut du pouvoir. Seulement nous voudrions que les travailleurs se convainquissent bien de cette vérité : la situation engendrera forcément la révolte, qu’en prévision de cette lutte, ils s’instruisent des causes de leur misère, qu’ils apprennent à connaître les institutions qui leur sont nuisibles, qu’ils se persuadent bien que les replâtrages n’ont jamais rien valu et que, le jour de la lutte venu, loin d’en être surpris, ils soient prêts à y prendre part, qu’ils sachent une bonne fois se sentir les coudes entre eux, pour faire leurs affaires eux-mêmes et ne plus se laisser arracher les fruits de la victoire par les intrigants qui viendront les flatter, leur promettre plus de beurre que de pain et, sous prétexte de leur faciliter la besogne, se substituer au pouvoir renversé, recommencer les erreurs