Page:Grave - La Société future.djvu/179

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La bonté, l’esprit de solidarité, sont des qualités que chacun exalte, dont on aime assez à laisser croire qu’on les possède, mais que l’on néglige assez dans la pratique. — Nous parlons ici de ceux qui suivent la morale bourgeoise — et que l’on qualifie de bêtises lorsque l’individu qui les met en pratique s’en trouve la victime.

La morale publique les estime, mais la victoire n’est qu’à celui qui saura restreindre sa bonté, rogner sa solidarité.

« Il est si bon qu’il en est bête ! » — « Chacun pour soi, le bon dieu pour tous ! » — « Charité bien ordonnée commence par soi-même. » Voilà les préceptes qu’enseigne la sagesse des nations et que renferment les cours de morale qui passent pour le mieux résumer l’esprit pratique des connaissances bourgeoises. Règles servant, aux esprits « positifs et pratiques, » à masquer un caractère sec, étroit et platement égoïste.

Égoïste, non pas dans le sens de la conservation individuelle, avec l’intelligence de sa situation au milieu de la vie et de ses rapports avec les autres êtres, mais cet égoïsme rapace, féroce qui pousse l’individu à ne penser qu’à lui dans le monde, à ne voir que des concurrents dans ses égaux. Voilà ce que nous donne la sélection de la société actuelle. C’est cet égoïsme qui a amené l’homme à se faire le centre de l’univers, et qui pousse certains individus, sinon à se croire, eux, les centres de l’humanité tout au moins, à la pédanterie de se croire meilleurs et plus intelligents que les autres.

Que de bêtises n’a-t-elle pas fait dire aux savants officiels cette égalité réclamée par les socialistes ! Que