Page:Grave - La Société future.djvu/246

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moyens de progrès, en permettant de vulgariser les connaissances humaines, et que les lois les plus restrictives ne peuvent parvenir à faire taire, l’imprimerie serait fermée aux idées nouvelles ; car, quel que soit le désintéressement de ceux qui seraient appelés à former le gouvernement collectiviste, on nous permettra — et la largeur de conceptions que déploient ses apôtres actuels, ne peut guère nous enlever ce doute, — on nous permettra de douter qu’ils puissent pousser l’abnégation jusqu’à laisser imprimer quoi que ce soit, attaquant leurs actes, leur autorité, leurs décisions ; surtout lorsqu’ils pourraient se croire investis du soin de mener les individus à un bonheur qu’ils se déclarent incapables d’atteindre sans eux, et que, pour légitimer ce refus, il leur suffirait d’alléguer des considérations d’ordre public : que, par exemple, les forces productrices étant toutes absorbées par les besoins immédiats, il ne leur serait pas loisible de les détourner de leur fonction pour la création de choses dont le besoin n’est pas suffisamment établi.

Et plus ces hommes seraient sincères, plus ils auraient foi en l’ordre de choses dirigé par eux, plus ils seraient impitoyables pour les idées qui viendraient combattre leurs conceptions. Étant fermement convaincus que le bonheur humain est au bout de leurs spéculations, ils n’en étoufferaient que plus impitoyablement les idées contraires. Nous avons trop souffert de l’autorité pour ne pas prendre nos précautions contre l’avenir, nous ne voulons plus remettre nos destinées à la disposition des errements individuels ou collectifs.


Les commissions de statistique, nous dit-on, ne se-