Page:Grave - La Société future.djvu/267

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tout ce qui précède : les intérêts particuliers ne devront pas différer de l’intérêt général, chacun ne peut désirer que ce qui peut lui être utile, et ce qui lui est utile ne pourrait être nuisible à son semblable si la société n’était mal équilibrée. Les relations des groupes et des individus n’auront donc à porter que sur des points généraux, que chacun pourra bien envisager à un point de vue spécial, selon sa façon de comprendre les choses, mais où ne viendront pas se mêler des intérêts pécuniers ou des désirs d’agrandissement, d’appropriation individuelle.

De plus, toutes ces distinctions de hameau, village, commune, canton, arrondissement, patrie, qui forment, aujourd’hui, autant d’intérêts particuliers, distincts et antagoniques, seront appelées à disparaître, ou, du moins, à ne plus être que des appellations géographiques servant à faciliter les nomenclatures, les topographies et les rapports des individus. En définitive, tous n’auront qu’un but : accomplir le travail projeté de façon à ce que chacun y trouve son compte.

Aujourd’hui, pour la création d’une route, d’un canal, d’un chemin de fer, d’un établissement, il y a rivalité d’intérêts : tel propriétaire influent intrigue pour faire passer la route près de ses propriétés, afin de leur donner plus de valeur ; il met toutes ses relations en mouvement afin que tel tracé de chemin de fer coupe ses domaines, dans l’espérance d’obtenir une expropriation avantageuse. Ce qui se produit parmi les individus, se produit également parmi les collectivités : telle commune voudra être avantagée plutôt que telle autre, tel canton voudra l’emporter sur le canton voisin.