Page:Grave - La Société future.djvu/338

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sur l’homme, dans les relations des deux sexes, cette soi-disant autorité de l’homme est bien tombée de fait. À l’heure actuelle, dans nos sociétés soi-disant civilisées, la femme riche est émancipée de fait, sinon de droit, il n’y a que la femme pauvre qui subisse à l’heure actuelle l’esclavage et la lettre de la loi.

Même dans les peuplades les plus arriérées, n’arrive-t-elle pas à se créer des privilèges ? Les historiens antiques nous mentionnent cette tribu gauloise où les femmes étaient appelées à juger les différends que la tribu pouvait avoir avec ses voisins et dont un général romain dut respecter les décisions.

Chez les Australiens, où elle est traitée en bête de somme, où elle ne se met à table qu’en arrière de son seigneur et maître qui lui jette à la volée, les morceaux dont il n’éprouve pas le besoin, on signale une coutume semblable[1]. En fait, si elle a toujours subi la force brutale de l’homme, la femme par sa finesse et sa ruse, a su toujours prendre de l’ascendant sur lui. On lui fait aujourd’hui un crime de cette ruse, « l’arme des faibles », dit-on. Elle pourrait vous répliquer que la raison de la force n’est que celle de la brute.

L’union sexuelle a débuté fort probablement par la promiscuité, ensuite l’homme a affirmé son droit de propriété en capturant celle dont il voulait faire sa « compagne ». Il l’a ensuite achetée, puis, les mœurs s’adoucissant toujours de plus en plus, on a fini par tenir compte du choix de la femme, et l’émanciper graduellement, tandis que l’esprit de propriété qui reposait sur l’organisation familiale despo-

  1. Elie Reclus : Les Primitifs d’Australie.