Page:Grave - La Société future.djvu/87

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que l’on n’osait rien entreprendre sans son concours.

Peu à peu les idées se transforment, à leur tour, elles transforment les mœurs, et l’intensité de la conviction amène les individus à adapter le milieu à leurs conceptions. Ces tentatives réussissent ou avortent mais ne passent pas sans laisser leur trace.

Telles sont les émigrations qui se sont faites pour essayer de réaliser, dans des pays vierges, différentes conceptions socialistes. L’échec attend la plupart, car les conditions de réussite qu’exigeraient ces essais, ne sont pas toujours respectées par les associés, faute de temps, de moyens ou de connaissance.

Et puis, quelque éloigné que l’on soit, l’influence perverse de l’ancienne civilisation est là qui n’attend que la moindre faiblesse des individus pour exercer son action néfaste. On est forcé de conserver certaines relations avec l’ancien monde, on reste son tributaire pour une foule de choses dont on ne peut se passer et que le manque de moyens vous empêche de créer : de là impossibilité absolue de vivre son idéal, de sorte que l’élimination des mauvais germes inculqués par l’état actuel ne pouvant s’accomplir complètement dans ce dernier, ils se trouvent parfois réveillés et remis en activité par de nouveaux contacts.

Mais ces insuccès n’infirment nullement la logique des idées nouvelles, ils ne prouvent que leur incompatibilité avec le régime actuel et la nécessité de sa disparition pour que les idées nouvelles puissent évoluer librement.


Chaque fois que des novateurs ont mis en péril, par leurs idées, les privilèges bourgeois, il s’est trouvé