Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/189

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Qui était Grundwald ? Je l’ai oublié. Régis Meunier avait été en vertu des lois scélérates, condamné à 7 ans de bagne pour avoir organisé une soirée familiale à Angers…, deux mois avant le vote desdites lois ! Moysset pour quelque délit de parole. Ils avaient été exclus de l’amnistie par une subtilité juridique. Ils furent cependant graciés. Mais, entre temps, Moysset était mort au bagne.

Cette lettre démontre que nous n’avions pas oublié nos camarades au bagne, et entendions que la « lutte pour le droit » fût la lutte du droit pour tous.

D’autre part, j’avais écrit à Zola pour le prier de s’associer à je ne sais plus quelle protestation. Il me répondit par la lettre suivante :

Paris, 6 décembre 1900.

Mon cher confrère, je suis entièrement avec vous, prenez mon nom s’il vous paraît bon à quelque chose, et si vous désirez causer un soir avec moi, venez vers neuf heures, vous êtes à peu près sûr de me trouver.

Cordialement,
Émile Zola.

Je me rendis donc un soir rue de Bruxelles. Zola était encore à table. On me fit attendre dans un salon encombré de bibelots. J’ai gardé l’impression que, là-dedans, j’avais l’air d’un éléphant dans la boutique d’un marchand de porcelaines, n’osant faire un mouvement, de peur de casser quelque chose.

Au bout d’un instant Zola vint me rejoindre. Je serais bien embarrassé de me rappeler comment débuta la conversation. Il aurait été logique de déblayer le passé. Mais, en ce qui concernait la Société des Gens de Lettres, je n’aurais pu que lui confirmer ma réponse. Cependant, on aurait pu s’expliquer, adoucir les choses. Mais comme il n’en souffla pas mot, je crus bon de l’imiter.

Ce que je me rappelle bien, ce sont ses promesses d’intervenir en faveur de nos camarades victimes d’injustices, me disant de faire appel à lui chaque fois que cela serait