Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/196

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Janvion, alors que le pauvre Dégalvès ne sut que dire. Ils donnèrent tort à ce dernier qui, affligé et indigné de cette injustice, nous quitta.

J’étais absent de Paris lorsque se produisit celle malencontreuse affaire. J’avoue que j’aurais fait de mon mieux pour défendre Dégalvès qui, sûrement, n’avait agi que sous l’impulsion d’un moment d’irritation.

Après la tentative d’école de vacances, on organisa, faute de mieux, des cours du soir, la création d’une véritable école resta à l’état de rêve.

Une lettre que je retrouve me rappelle que Léon Daudet fut un de nos souscripteurs :

Paris, 30 avril 1898.
Le Journal.

Cher ami, puisque vous voulez bien passer au Journal, vous m’y trouverez tous les jours à partir de 5 heures, je serais très heureux de vous serrer la main et de vous remettre les 50 fr. de Léon Daudet.

J’ai vu Georges Hugo qui s’inscrira pour 100 francs.

Je vous serre très cordialement la main.
Auguste Marin.

Un jour le camarade L…, qui était traducteur à l’agence Havas, et m’aidait beaucoup en traduisant pour le mouvement social les journaux étrangers que nous recevions, vint me parler des camarades espagnols qui, vingt ans auparavant, avaient été condamnés au bagne sous prétexte d’affiliation à une société secrète, « la Mano Negra », affaire qui, à l’époque, avait fait beaucoup de bruit. C’était l’affaire de Xérès dont j’ai déjà dit deux mots en passant.

Or, d’après les documents qu’avait vus L… « la Mano Negra » n’avait jamais existé. Comme pour Montjuich, des aveux avaient été obtenus en torturant les prisonniers. Ce qui n’empêche pas Liard-Courtois, dans ses Souvenirs de Bagne, de raconter que, dans sa jeunesse, il a connu un des membres de cette fameuse association !