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Page:Grave - Les Aventures de Nono.djvu/51

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bonté, ton professeur est un ignorant. Il parle de ce qu'il ne connaît pas. En étudiant la vie de nos ruches, les hommes ont jugé de nos mœurs d'après les leurs.

Le premier qui a pu pénétrer les secrets de notre vie, voyant les abeilles prendre des soins spéciaux pour une d'elles, s'évertuant à lui épargner tout travail et toute fatigue, en a conclu que celle-là était un être privilégié, tout aussi inutile qu'un roi, que les autres lui devaient obéissance, que c'était sa volonté qui réglementait les travaux de la ruche. Il a fait imprimer cela. C'était bien trop semblable à ce qui se passe chez vous, pour qu'on ne l'eût pas accepté comme vérité. Les partisans de l'autorité en ont tiré un argument en sa faveur, et l'on continue à enseigner dans les écoles que les abeilles sont gouvernées par une reine.

Chez nous, cependant, ce n'est pas cela. Chacune de nous remplit la fonction inhérente à sa nature, mais il n'y a pas de reine, il n'y a pas de fonction imposée, les unes font le miel, d'autres soignent les jeunes ; si les be-