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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/100

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Madeleine. Il faisait très froid. Le jour gris attristait. Le sol résonnait, blanc et gelé sous les pieds des passants qui couraient presque, rares à cette heure, hâtifs de regagner leur logis. Sur l’asphalte unie, le long des grilles de l’église, de grands fourgons des pompes funèbres roulaient doucement, emportant les dernières tentures d’un grand enterrement fait le matin. Plus loin, les omnibus tournaient le coin de la rue Tronchet, ébranlant le sol, avec le bruit métallique du trot des chevaux qui glissaient. Dans l’auge de pierre, au bout du trottoir, des cochers s’amusaient à casser la glace ; d’autres, la figure violacée, se battaient la poitrine de leurs bras pour se réchauffer, lâchant un juron de temps en temps, avec le bâillement ennuyé des longues attentes oisives sous le vent glacial.

Robert fit monter Suzanne dans un des fiacres.

— Allez où vous voudrez, dit-il au cocher, je vous préviendrai quand il faudra revenir.

Le gros homme, enveloppé d’une houppe-