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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/23

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— Qui t’oblige à vivre ainsi ?

— Comment veux-tu faire autrement ?… En province, on fait ce que l’on veut ; pas à Paris. Je n’ai pas inventé ma vie… Je fais comme toutes celles qui m’entourent.

— Oui, vous dépensez plus d’argent que vos maris n’en gagnent, vous vivez plus que vous n’avez de vie… jusqu’au jour où fortune et santé font banqueroute.

Suzanne parlait sans pédanterie, seulement triste.

— Sais-tu, reprit-elle, examinant sa sœur. Je te trouve changée… il y a longtemps que je ne t’ai vue… tu es pâle… tu as la figure tirée, presque vieillie.

— Crois-tu, vraiment ? demanda la jeune femme. Et, avec inquiétude, elle alla vivement à la fenêtre se regarder dans une petite glace à main. Au bout d’une minute, elle eut un petit soupir, et revint s’asseoir, très sérieuse.

— Que veux-tu ! fit-elle avec découragement. À partir de vingt et un ans, la beauté