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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/322

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jeune. Le nez était commun, l’ovale de la figure épais ; mais des longues paupières baissées sans effort, et de la bouche simplement close, montaient une résignation, une douceur, une désolation poignante. Aucune trace de mort violente. Une expression décente, charmante et chastement désespérée. Évidemment plus belle dans la mort qu’elle ne l’avait jamais été vivante.

Et, le respect de cette morte gagnait les assistants qui se taisaient, remués, attendris, et n’osant exprimer leur émotion.

Très longtemps, Suzanne resta là, abîmée. Une sorte de bonheur ému la remplissait. Dans sa pensée, cette morte se confondait avec sa sœur, et elle reconnaissait avec soulagement que la honte n’était pas ce qu’elle avait imaginé. Elle voyait que personne n’avait insulté, même en pensée, sa sœur, pendant le court espace de temps où elle avait été exposée là, à cette même place. Comme cette femme inconnue, elle avait paru illuminée de sa jeunesse et de sa beauté, les