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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/44

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Jean, qui, s’enhardissant sous l’attention souriante de Suzanne, commençait à babiller à tort et à travers, d’une voix drôle de petit clown, ne sachant plus bien parler français dans sa vie continuelle avec l’Allemande et les autres institutrices étrangères de ses petits camarades.

Alors, on passa dans le fumoir où l’on se tenait les jours ordinaires : une pièce longue, à la haute cheminée sculptée en pan coupé, tendue et meublée d’étoffes de Bagdad, aux ramages bizarres sur le tissu rude.

Tout de suite, d’un mouvement lassé, Germaine s’étendit sur le grand divan qui tenait tout un côté du salon, et elle s’endormit, les mains sous la tête, enfonçant dans les coussins ; l’étoffe souple du peignoir descendant des rondeurs de la hanche jusqu’au tapis où la bordure de cygne mettait un fouillis de neige délicate.

Suzanne et Yvonne s’étaient assises devant une ancienne table de trictrac qui avait appartenu à leur père, et, rangeant les