Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gence l’envahir pour la futilité de sa sœur.

Après tout, n’y avait-il pas dans le maniement, l’arrangement de ces tissus délicats, une jouissance tout artistique, une création passionnante ?

Comme un regret lui venait de ses robes éternellement sombres, solides et dures, qui l’enveloppaient sans grâce, lui faisant porter le deuil de sa jeunesse longtemps avant qu’elle fût envolée. Mariée jeune, et, sitôt le mariage, enterrée dans les soucis de la maternité et les économies d’une petite fortune, elle n’avait jamais connu la sensation de se trouver belle, changée, transfigurée dans une de ces toilettes qui idéalisent une femme.

Pourtant, elle savait avoir été jolie : elle l’était encore. Ses yeux calmes et allongés avaient une grande beauté, ses épaules et ses bras étaient sculpturaux, son teint avait gardé la fraîcheur des femmes chastes. Un instant, il lui passa l’envie, vite oubliée, de se trouver dans un bal à la place de Ger-