Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près de la fenêtre, Germaine avait déployé une étoffe lamée d’or qu’elle brodait de soies aux couleurs tendres. Elle avait le goût du travail à l’aiguille, avec des étoffes très jolies, des soies douces au toucher et aux yeux, des ors brillants et riches. Avec le sens naturel de l’union des couleurs, elle produisait sans modèle, sans réflexion même, des chefs-d’œuvre dans lesquels ses doigts d’une délicatesse rare se complaisaient.

Suzanne aurait aimé aussi ces ouvrages où la nature de la femme se révèle : communs, vulgaires, puérils, fantaisistes, sensuels ou corrects selon l’ouvrière. Les siens auraient été de vastes compositions riches plutôt par l’ensemble, plaisant par la sobriété harmonieuse des dessins et des teintes. Germaine se lançait dans des broderies d’une fantaisie singulière mariant les teintes avec audace, tirant des effets sensuels des velours épais et des peluches miroitantes aux nuances indécises et frissonnantes.