Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’elle coudoyait, dans tous les lieux où son mari la menait, l’amour payé, le facile échange de la beauté de la femme contre des billets de banque. Peut-être n’y avait-elle jamais eu de répugnance. Dès son jeune âge, elle avait eu du goût pour les hommages brutaux d’hommes inconnus, recueillis dans la rue. Elle était heureuse, à quinze ans, de recevoir un compliment insultant d’un passant ; flattée de sentir, avec son savoir de jeune Parisienne que, si elle était à vendre, elle ne manquerait pas d’amateurs. Dans le frottement des vices de Paris, elle avait eu tout de suite conscience de sa valeur vénale, et elle s’en faisait honneur, fière de représenter un capital, longtemps avant d’avoir la pensée de l’exploiter.

D’ailleurs, ses idées se brouillaient sur la morale, qui lui paraissait des conventions plus ou moins respectées par la société. On admettait qu’une femme se donnât en mariage pour de l’argent ; journellement, on plaisantait d’un jeune homme épousant une