Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’abandonner ?… Auras-tu la force de me rejeter ? Que t’importe ce que j’ai fait, tu es ma sœur, tu m’as aimée, aie pitié de moi quand je souffre tant et que je suis si seule !… Crois-tu que ma mère ne m’eût pas tout pardonné ?… Tu es tout ce qui me reste d’elle… ne me repousse pas !

Suzanne se souleva avec émotion. Dans l’état nerveux où cette scène l’avait mise, l’appel désespéré de sa sœur remua profondément son cœur maternel. Elle la regarda, et une pitié immense lui vint tout à coup pour cette faiblesse qui faisait le mal sans le comprendre, le sens moral absent, la délicatesse détruite.

Alors, silencieusement, elle attira la jeune femme frémissante sur sa poitrine et l’embrassa tendrement, pendant que de grosses larmes coulaient de ses yeux baissés.

— Est-ce que je sais comment j’en suis arrivée là ! murmurait Germaine. Comment ai-je pu consentir à accepter une existence pareille, qui ne me donnait pas même la