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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/91

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d’honnête dans le cœur, jamais je n’aurais pu me résoudre à tomber ainsi… tout mon être se serait révolté.

Elle se tut un instant, les yeux fixés sur le tapis, des souvenirs l’envahissant ; puis, avec un sentiment profond, elle reprit :

— Ah ! Suzanne… mon mari m’a moins respectée… il m’a plus avilie que mon amant !… Tu ne te doutes pas de ce qu’il m’enseignait moins de huit jours après notre mariage… tandis que j’étais encore si ignorante que je ne distinguais pas ce qui était honteux de ce qui est naturel… C’est bien commode aux hommes d’épouser des vierges, des innocentes !… Après lui, je n’avais plus de hontes à connaître, ni de répugnances à vaincre.

Tout en parlant, elle ouvrait une petite boîte de poudre de riz, et elle poudrait délicatement son visage brûlant, son émotion très vraie, pourtant.

— Après mon mari, continua-t-elle, les femmes sont venues m’achever… parmi mes