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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/166

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Un manuscrit du xive siècle, portant le numéro 171 de la bibliothèque de Gand, contient un petit traité d’instruments à cordes dans lequel se voit le dessin d’une rote du même type que celle de la verrière de Troyes. L’auteur ne donne pas de nom à cet instrument, dont il attribue l’invention à un certain Albinus.
rote à quatre cordes
Manuscrit de la bibliothèque de Gand
(xive siècle).
Il y a de très grandes échancrures ; les deux ouïes, en forme de croissant, sont tout au bas de la table de chaque côté du cordier ; on n’y voit pas de chevalet, mais l’accord des quatre cordes est indiqué par les lettres : A, la ; D,  ; G, sol C, ut. Le haut de la caisse se prolongeant jusqu’au cheviller, le manche est si court que la main devait le tenir avec beaucoup de peine. L’archet qui est placé tout à côté n’offre rien de particulier.

On vient de voir des rotes montées de trois et de quatre cordes, mais le nombre de celles-ci a dû en être très variable et atteindre souvent cinq ou six, comme sur l’ancien crouth.

Ne quittons pas la rote sans faire remarquer que c’est seulement vers la fin du xiiie siècle ou au début du xive que la vièle commence à avoir sa table d’harmonie cintrée sur les côtés, tandis que la rote a déjà au xiie siècle la forme qui fut plus tard adoptée. Elle occupe donc, par suite de ce fait, une place des plus importantes dans l’histoire des instruments à archet.