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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/171

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Divers passages des Lettres de Rémission montrent que la rubèbe était principalement employée pour faire danser, que c’était l’instrument des ménétriers d’alors :

« Un nommé Isembart jouoit d’une rubèbe, et, en jouant, un nommé Le Bastard se print à danser. » (Litt. remis., an 1391).

« Roussel et Gaygnat prinrent à jouer, l’un d’une fluste, l’autre d’une rubèbe, et ainsi que les aulcuns dansoient. » (Ibid., an 1395.)

« Avec lesquels compaignons estoit un nommé François Gontaud, qui sonnait d’une rubèbe, et allèrent danser. » (Ibid., an 1458.)

Ce rôle était, d’ailleurs, celui des vièles en général ; mais la rubèbe paraît avoir été plus particulièrement entre les mains des ménétriers de second ordre, pour figurer dans les fêtes bourgeoises, populaires et champêtres. Du reste, tous les instruments à archet, montés seulement de deux ou de trois cordes ont été dans le même cas, on les voit toujours défrayant les concerts du peuple, et cela en tous pays.

De même que la lyra, dont elle est un des dérivés, la rubèbe n’avait ni éclisses ni manche ; sa caisse de résonance, à fond bombé, se prolongeait en s’amincissant jusqu’au cheviller.

Coussemaker et Kastner croient qu’elle devait être de plus grande dimension que la vièle. Tel n’est pas notre avis, car on la jouait en la tenant comme le violon, et, pour cette raison, on ne pouvait en augmenter la taille. Son accord, donné par Jérôme de Moravie, montre, il est vrai, qu’on y obtenait des sons graves ; mais employait-on toujours cet accord ? N’était-il pas spécial pour exécuter des mélodies lentes ? Ne le modifiait-on pas quand il s’agissait de faire danser aux sons de la rubèbe ? Cela ne nous paraît pas douteux. En tout cas, même en s’y conformant, il aurait été bien inutile que les proportions de la rubèbe