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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/175

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mot rebec paraît avoir été adopté d’une façon définitive :

À tel menestrier, tel rebec ;
Tenant toujours le verre au bec.

(Les Satires chrétiennes.)


Ô Muse, je t’invoque ; emmielle-moi le bec
Et bande de tes mains les nerfs de mon rebec.

(Régnier, Xe Satire.)

Le nombre des cordes dont on garnissait la rubèbe ou le rebec ne fut pas toujours réduit à deux ; il a été bien plus souvent porté à trois. Coussemaker, et après lui Kastner, Fétis et Vidal disent que ces trois cordes s’accordaient de quinte en quinte. Nous ne pensons pas que cet accord par quintes, des trois cordes du rebec, ait été employé avant le xve siècle. Il est bien plus probable que jusqu’à la fin du xive siècle, lorsque cet instrument était monté de trois cordes, deux de celles-ci devaient être accordées à l’unisson ou à l’octave, conformément au système de cordes doubles alors en usage ; et que ce n’est que plus tard, vers le xve siècle, quand la famille des violes eut remplacé les vièles, que le rebec, restant la seule vièle en usage, se perfectionna dans son accord. Car si la rubèbe à trois cordes avait été accordée en quintes, elle aurait offert plus de ressources que la vièle proprement dite, et serait devenue l’instrument artistique. Or, d’après tous les auteurs du temps, la vièle était plus honorée que la rubèbe ; nous en trouvons la preuve évidente dans les instructions de Jérôme de Moravie.

Le rebec est la vièle à archet qui a été le plus longtemps en usage. À cause de sa longue carrière, on peut le considérer comme le chef des vièles du deuxième groupe. Au xviiie siècle, lorsque le violon commençait à être en grande faveur, on le voit encore entre les mains des ménétriers qui vont jouer de cabarets en cabarets. Universellement répandu,