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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/195

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Et le verbe geigen, comme le nôtre viéler, exprimait l’action de jouer de la vièle ou de tout autre instrument à cordes et à archet.

Au début des recherches sur les instruments, quelques auteurs ont émis des opinions diverses sur la nature de la gigue. Roquefort en donne les définitions suivantes : « Gigue, gige, sorte d’instrument à vent. — Gigue, espèce de danse. — Gigue, la cuisse. — Gigueour, gigueur, joueur de l’instrument appelé gigue ou gige », etc.[1]. Bottée de Toulmon reste dans le doute : « Quant à la gigue, dit-il, l’emnorache, le micamon et la trépie, j’avoue qu’ils me sont inconnus[2]. » Dante en parle dans sa Divine Comédie :

E come giga e arpa, in tempora tesa
Di moite corde, fan dolce tintino
A tal da cui la nota non è intesa
.

(Paradiso, cant. XIV)

Ce passage montre que la gigue était bien un instrument à cordes, et comme le mot allemand geige s’appliquait à toutes les vièles sans exception, la gigue ne pouvait donc être qu’un instrument à cordes et à archet.

Dans son Roman de Cléomadès, que nous avons cité dans le chapitre consacré à la vièle, Adenés li Rois ayant écrit :

Et de giguéours d’Allemaigne,

de Coussemaker, qui traduit : « Joueurs de gigue d’Allemagne », en conclut que la gigue était d’origine allemande. Peut-être le vieux poète a-t-il voulu dire : et joueurs de gigue allemands, et caractériser la nationalité des individus qui jouaient ici de la gigue, plutôt que celle de l’instrument ?

  1. Roquefort. Glossaire de la largue romane.
  2. Bottée de Toulmont. Dissertation sur les instruments de musique au Moyen Âge.