Aller au contenu

Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’histoire ne dit pas si elle était aussi aimable pour le célèbre Granier.

Au siècle précédent, Marguerite d’Écosse, dauphine de France, depuis reine de France, épouse de Louis XI, n’usait pas des mêmes procédés envers le poète Alain Chartier, qui fut secrétaire de Charles VI et de Charles VII. L’ayant trouvé un jour endormi dans l’antichambre du roi, elle lui donna un baiser et s’en justifia agréablement, selon Titon du Tillet, « en disant qu’elle ne baisoit pas l’homme, mais seulement la bouche d’où sortoient de si belles pensées et des expressions si aimables[1] ». F. Halévy ignorait sans doute cette anecdote, sans cela, il aurait malicieusement insinué que le mode myxo-lydien n’était peut-être pas tout à fait étranger à cette tendre preuve d’admiration[2].

XI

J. S. Bach passe pour avoir imaginé, vers 1720, une viole à cinq cordes seulement, qui est connue sous le nom de « viola pomposa ». C’était une petite « viola a gambe », ou plutôt un petit violoncelle, ayant une corde de plus dans l’aigu ; lequel s’accordait par quintes : ut sol ré la mi, et qui permettait aux exécutants encore peu habiles à cette époque, d’atteindre les notes élevées sans démancher. Ce fut, dit-on, Martin Hoffmann, célèbre luthier de Leipsig, qui construisit la « viola pomposa », d’après les indications de Bach ; et Jean-Georges Pisendel[3], maître des concerts de l’Électeur de Saxe, roi de Pologne, qui la fit entendre.

Les rapides progrès d’exécution la rendirent inutile, aussi

  1. Parnasse français, p. xxxvi.
  2. Voyez l’introduction de cet ouvrage.
  3. Cet artiste (né en 1687, mort en 1755), violoniste distingué, avait été élève de Corelli lorsque celui-ci était violon solo dans la chapelle du margrave d’Anspach. C’est en 1728 qu’il fut nommé maître des concerts de l’Électeur de Saxe, roi de Pologne.